L'EVOLUTION DE L'HOMME
L'Homme est très
récent par comparaison à l'âge de la Terre. Si on ramène les 4,5 milliards
d'années d'évolution sur une période de 1 an, la formation de la Terre datée du
1er janvier, l'homme n'apparaît que le 31 décembre à 23
heures...
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La vie
date d'environ 3,8 milliards d'années, et a abouti progressivement à la
diversité et à la complexité des espèces.
Ainsi les premiers animaux
pluricellulaires sont âgés de seulement 670 millions d'années, la colonisation
des continents s'est effectuée il y a 400 millions d'années.
C'est après l'extinction
massive des Dinosauriens et d'autres espèces à la fin de l'ère secondaire (il y
a 65 millions d'années), que se diversifient abondamment les
mammifères.
Ce n'est que vers 52
millions d'années qu'apparaissent les premiers Primates avec les Lémuriens. Les
premiers Anthropoïdes de l'Oligocène vont se différencier en Platyrhiniens
(singes américains) et en Catarhiniens qui correspondent aux Cynomorphes et aux
Anthropomorphes (Chimpanzés, Gorilles, Orangs-outans, Gibbons et
Hominidés).
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Les premiers anthropoïdes
C'est avec le Proconsul ou
Dryopithèque qu'apparaît le premier vrai anthropoïde (moins 20 à moins 10
millions d'années). Celui-ci va donner 2 lignées différentes. Une partie des
Proconsuls va émigrer en Asie et donner les Ramapithèques. Ceux-ci vont donner à
leur tour 2 lignées différentes ; la première va évoluer en Orang-outan, il y a
12 millions d'années, la seconde donnera les Gigantopithèques. Les Orangs-outans
ont seulement 4 mutations particulières, différentes du patrimoine génétique
commun à l'autre lignée issue du Proconsul.
La lignée africaine du
Proconsul va donner un ancêtre commun aux Gorilles (Pan gorilla), Chimpanzés
(Pan troglodytes) et Hommes. En effet ces 3 groupes ont 7 mutations
particulières en commun et 11 chromosomes non mutés identiques. Pour l'instant
il n'existe pas de fossiles connus de cet ancêtre.
En observant le patrimoine
génétique des Gorilles, Chimpanzés et Hommes, on s'aperçoit qu'en plus de la
partie commune aux 3 groupes, il y a 2 mutations communes entre Gorilles et
Chimpanzés et 3 autres mutations communes aux Chimpanzés et aux Hommes. Il n'y a
pas de remaniements communs entre Gorilles et Hommes.
Si l'on regarde la
répartition de ces groupes en Afrique, il y a 8 millions d'années, on s'aperçoit
que les Pré-Chimpanzés ont la plus forte extension qui va du Nord-Est du
Cameroun jusqu'au Sud du lac Victoria. Cette répartition sépare les Pré-Gorilles
à l'Ouest des Pré-Australopithèques (lignée aboutissant à l'homme moderne) à
l'Est, dans la vallée du rift. On peut noter le rôle important du Sahara qui par
son expansion empêche l'extension des grands singes. L'étendue la plus
méridionale du Sahara a abouti à l'isolement complet des grands singes et des
Australopithèques.
Cette séparation explique
la répartition des mutations entre chaque groupe. Ces trois sous-espèces
pouvaient encore se croiser, mais l'isolement géographique des Pré-Gorilles par
rapport aux Pré-Australopithèques a empêché ces croisements.
Avec un isolement
géographique et génétique grandissant, ces trois sous-espèces deviennent de
véritables espèces vers 5 millions d'années avant J.C. Chaque groupe possède
alors un lot de mutations spécifiques (6 pour les Chimpanzés et les Gorilles, 4
pour les Australopithèques).
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Les
premiers hominidés
Actuellement l'ancêtre des
Hominidés n'a pas été trouvé ; d'après les études génétiques celui-ci devrait
être daté de 5 millions d'années. Toutefois on a retrouvé des fragments fossiles
proches de la forme actuelle. Ceux-ci sont datés de 7,5 millions d'années et
appartiennent à l'Oréopithèque.
D'après plusieurs études,
les premiers Hominidés bipèdes apparaîtraient entre 10 et 7 millions d'années,
mais les premières traces fossiles sont datées d'il y a 6 millions d'années. Des
traces de pas dans des cendres volcaniques datées de 3,7 millions d'années, dans
la savane est-africaine, attestent de cette bipédie.
Grâce à la découverte de
Lucie, un squelette de femme daté de 3,1 millions d'années, on a pu étudier
précisément la posture de ces Hominidés, et en déduire leurs comportements.
Lucie ne mesurait qu'un mètre et sa capacité crânienne n'était que de 400 cm3.
L'absence de cap de Broca, montrée par les empreintes du cerveau sur le crâne,
et la morphologie du larynx, indiquent une incapacité au langage
articulé.
Ces premiers Hominidés sont
les Australopithèques, afarensis pour les individus trouvés dans des couches de
5 à 3 millions d'années, africanus pour ceux datés de 3 à 2,5 millions d'années.
Pour tous les Australopithèques, on peut noter l'absence d'outils. Le bassin
adapté à la bipédie diffère des bassins simiesques beaucoup plus verticaux. De
plus, au niveau crânien, le trou occipital se déplace pour être dans le
prolongement de la colonne vertébrale, facilitant ainsi un port de la tête droit
sans effort.
Dans les couches plus
récentes que 2,5 millions d'années on peut retrouver des éclats de taille en
grand nombre et des outils parmi les restes d'ossements et de campements. On
retrouve ainsi des chopping-tools, qui sont des galets aménagés.
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Les
premiers hommes
Il y a 2 millions d'années
apparaissent les Homo habilis que l'on va retrouver jusqu'à 1,3 million
d'années. Ces individus d'environ 1m 20 à 1m 40, avec un cerveau de 600 cm3 ont
les possibilités d'avoir un langage articulé ; on peut désormais parler d'Homme
(Homo). Il y a cohabitation de ces premiers Homo avec les derniers
Australopithèques (robustes), qui sont beaucoup plus massifs (1m 40) que les
premiers spécimens, et dont la capacité crânienne a augmenté (500
cm3).
C'est avec l'Homo erectus,
qui apparaît il y a 1,7 millions d'années, que l'Homme va coloniser l'Afrique en
totalité, ainsi que le Sud-Est asiatique avec le Pithécanthrope à Java il y a
1,2 millions d'années et avec le Sinanthrope (homme de Pékin) trouvé en Chine.
Les premières traces d'Hommes mises à jour en Europe sont datées de 950 mille
ans dans la grotte du Vallonet à Roquebrune-Cap-Martin. On y a découvert
uniquement des traces de campement (outils tels des choppers, c'est à dire des
galets aménagés) mais pas d'ossements humains. Ceux-ci seront mis à jour dans
des couches plus récentes (450 mille ans) à Tautavel (Roussillon).
On a pu dater précisément
les différents sols d'habitats de la grotte de Tautavel et montrer également les
variations climatiques. En effet, les sédiments (la terre de la grotte) vont de
700 mille à 100 mille ans. Ainsi, il y a 550 mille ans, le climat devait être
sec et sous l'influence de vents importants car le sol est constitué de sable
calibré provenant de la plaine voisine. Les pollens indiquent également que
seuls 15 % des végétaux étaient des arbres.
Des restes humains datant
de 450 mille ans vont permettre de reconstituer l'Homme de Tautavel
:
Le front est fuyant, il a
des bourrelets sus-orbitaires, une absence de menton. Ce sont des caractères
typiques des Homo erectus. On peut noter également un important dimorphisme
sexuel, un nez bas et des orbites rectangulaires et écartées. La taille est de
1m 60 à 1m 70, la capacité crânienne est de 1.100 cm3. Les campements sont
organisés en ateliers, il y a donc répartition des tâches. On ne trouve pas
trace de foyers dans les couches plus anciennes que 400 mille ans. Les outils
sont variés et caractéristiques de la période acheuléenne (600 à 80 mille ans).
On retrouve ainsi des choppers, bifaces, denticulés et pointes. En étudiant la
roche composant ces outils on peut remarquer que les sites de prélèvement sont
au maximum distants de 30 km (une demi-journée de marche).
Les premières traces de
foyers aménagés sont datés, à Nice sur le site de Terra Amata, de 380.000 ans ;
on y retrouve également de nombreux outils de la culture acheuléenne, des
ossements d'éléphants, de rhinocéros, de cerfs. Dans la grotte du Lazaret, très
proche, on a pu étudier des terrains de 200 à 100 mille ans. On y retrouve de
nombreux ossements de cerfs, bouquetins, éléphants, rhinocéros, loups, bisons
montrant, avec les pollens, un climat froid (glaciation de Riss). L'Homo erectus
devient proche de l'Homme de Néanderthal.
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Les
premiers hommes modernes
C'est à partir de 100.000
ans avant J.C. que l'homme enterre ses morts avec une sépulture, en Asie et en
Europe. L'Homo sapiens neanderthalensis apparaît donc à cette période ; il est
caractérisé par un front droit, une capacité crânienne de 1.200 à 1.600 cm3 et
une taille de 1,7 m. Il conserve toutefois des arcades sourcilières proéminentes
et l'absence de menton. Il occupe toute l'Europe tandis que l'Homo sapiens
sapiens se situe surtout en Asie (voir ci-dessous).
L'Homme de Néanderthal
apporte la culture moustérienne et une industrie stéréotypée d'outils. On a pu
montrer qu'il cohabitait parfaitement avec l'Homo sapiens sapiens (sépultures
mixtes). Il s'éteindra il y a 30.000 ans avec l'invasion des sapiens en
Europe.
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L'homme moderne
Parallèlement à l'Homme de
Néanderthal va se développer l'Homme moderne, l'Homo sapiens sapiens. On a pu
trouver une sépulture d'enfant, tenant dans ses mains des bois de cerfs, qui
indique la naissance d'une pensée religieuse (l'Homme de Cavesey). C'est avec
l'homme de Cro-Magnon, il y a 35.000 ans qu'apparaît l'Homo sapiens sapiens.
L'Homme moderne effectue une sépulture systématique pour ses morts ; on a pu
trouver de nombreuses parures, comme celle de l'Homme de Grimaldi, qui indiquent
la naissance d'une pensée symbolique (en relation avec le développement des
lobes frontaux du cerveau).
Les vêtements sont
inventés, et permettent ainsi la colonisation de terres auparavant hostiles,
telles que le permagel de Russie. Les outils sont plus perfectionnés (couteaux
par débitage laminaire des pierres, outils en os tels que des bâtons perforés,
des aiguilles). L'art mobilier apparaît il y a 30.000 ans avec des sculptures,
des statuettes (les Vénus datées de 26.000 ans), des peintures murales (Lascaux
il y a 16.000 ans).
Il y a 8.000 ans les
chasseurs disparaissent peu à peu et se sédentarisent. L'agriculture apparaît il
y a 6.000 ans simultanément en plusieurs points du globe : les cultures de blés
et d'orges en Méditerranée, le mil en Afrique, le riz en Thaïlande, le maïs en
Amérique centrale. Avec la sédentarisation une explosion démographique a lieu,
il y a formation de villages. Les outils sont avancés : meules, haches,
céramiques et armes de guerre font leurs apparition. Les premiers génocides ont
lieu. L'écriture apparaît vers 3.000 ans avant J.C.
2.000 ans avant J.C.
apparaît l'âge du Bronze avec les montagnes sacrées telles que le mont Bego dans
la vallée des Merveilles où l'on retrouve de nombreuses gravures, en particulier
le dieu Taureau et le dieu Orage. L'âge du Fer ne débute que vers 900 ans avant
J.C.
Nous empiétons déjà sur le
domaine de l'Histoire, où l'évolution technologique connaît une croissance
exponentielle.
Nous avons donc pu voir
l'évolution de l'Homme au cours des derniers millions d'années ; on constate que
celle-ci respecte les phénomènes évolutifs tels que l'augmentation de taille, la
complexification de caractères, etc. On peut noter une accélération de cette
évolution, mais ceci n'est dû qu'à notre connaissance plus précise des périodes
récentes par rapport aux périodes plus anciennes, le nombre de détails connus
étant plus important...
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